dimanche 9 novembre 2025

Déclaration de Nouakchott : Lorsque le FMI prend nos gouvernants pour des idiots. Par Pr ELY Mustapha

 


Ce qui frappe dans la déclaration du FMI, c’est ce ton paternaliste qui cherche à rassurer tout en dictant la conduite à tenir, comme si les gouvernants mauritaniens étaient incapables d’une véritable analyse critique ou d’initiatives novatrices. Ce qui,  tout en restant à démontrer , nen fait pas moins que les recommandations du FMI sont standardisées, souvent déconnectées des dynamiques locales et des aspirations citoyennes, réduisant la marge de manœuvre de l’État, prisonnier d’une logique de conformité technique.

Cette approche trahit une forme d’infantilisation de la décision publique en Mauritanie : sous prétexte de “dialogue” et “accompagnement”, le FMI impose l’agenda, balise la conduite des politiques, et transforme les gouvernants en exécutants dociles, avec pour unique horizon l’atteinte d’indicateurs validés à Washington.

L'analyse de la récente déclaration du Fonds monétaire international (FMI) sur la situation économique en Mauritanie, met en lumière les zones d'ombre et les sous-entendus du discours officiel des institutions financières internationales face aux réalités locales.

La récente mission du FMI en Mauritanie s'est conclue par des félicitations officielles : objectifs quantitatifs atteints, respect des seuils de déficit, recommandations en matière de gouvernance. Le FMI relaie une image d'une économie mauritanienne résiliente, avec l’obtention de nouveaux financements : 6,44 millions de DTS (environ 8,7 millions de dollars) et 59,44 millions de DTS (près de 80,6 millions de dollars), validés pour soutenir la stabilité macroéconomique.

Pourtant, derrière ce discours, le FMI relève une croissance en nette décélération pour 2025 (de 6,3% en 2024 à 4,2% en 2025), principalement due à la contraction du secteur extractif, alors même que les prévisions tablèrent sur une envolée grâce à l’exploitation gazière Grand Tortue Ahmeyim. L’institution insiste sur la nécessité de “réformes structurelles” et de “mobilisation des ressources internes”, sans évoquer concrètement l’impact social des ajustements recommandés.

Des recommandations surannées et déconnectées

Le FMI appelle à flexibiliser le taux de change et à intensifier la collecte fiscale, dans une rhétorique classique de soutenabilité budgétaire et de lutte contre l’inflation. Cette logique technocratique feint d’ignorer la dépendance chronique de l’économie mauritanienne à l’extractif, la fragilité des institutions de régulation, et la vulnérabilité des ménages face à toute taxation ou dévaluation soudaine.

En outre, alors que l’institution mentionne le besoin de “mesures compensatoires bien ciblées” via le registre social, elle passe sous silence l’insuffisance des programmes sociaux existants et la faible efficacité redistributive dans un contexte de pauvreté persistante et de marginalisation des régions rurales.

Le FMI salue les “progrès en gouvernance”, tout en exhortant les autorités à accélérer l’application des lois sur les entreprises publiques et la Zone franche de Nouadhibou. Or, il reste peu disert sur la réelle capacité des gouvernants à traduire ces recommandations en politiques concrètes, dans une administration marquée par l’immobilisme et le manque de moyens humains qualifiés.

On observe un fossé entre le ton affable du FMI et la réalité de la gouvernance mauritanienne : alors même que la Cour des comptes et les organes de contrôle restent sous-dotés, le Fonds se contente d’encourager sans exiger des délais fermes ni sanctionner le retard dans la mise en œuvre des réformes.


La cécité du FMI face aux graves défaillances de l’administration publique mauritanienne constitue une faiblesse récurrente de son accompagnement : les rapports officiels occultent souvent les contre-performances, les dilapidations et les détournements massifs de biens et ressources publiques, pourtant dénoncés par la Cour des comptes et l’opinion.

Dilapidations et détournements : une impunité persistante

En 2025, plusieurs rapports officiels et investigations de l’Inspection Générale de l’État (IGE) révèlent des détournements massifs atteignant dix milliards d’ouguiya dans différents secteurs publics, avec des ministres et de hauts fonctionnaires directement impliqués. La Cour des comptes identifie aussi des malversations allant jusqu’à 40 milliards d’ouguiya, mais le gouvernement préfère requalifier ces délits en simples fautes de gestion, illustrant le niveau d’impunité et de confusion entre mauvaise gestion et vol institutionnalisé. Malgré la multiplication des affaires, les sanctions, quand elles existent, demeurent sélectives et souvent motivées par des intérêts politiques.

La gestion des finances publiques souffre de contrôles insuffisants, d’apurements irréguliers, et de retards dans la publication des rapports budgétaires, qui ne respectent pas les normes internationales. Les rapports d’exécution restent incomplets et tardifs ; la Cour des comptes signale régulièrement la surreprésentation de clientèles politiques et tribales dans la distribution des ressources, ce qui bloque toute réforme structurelle. L’exemple de la SOMELEC, avec une dette explosant de 385 à 800% en l’espace d’un an, illustre la persistance de dérives managériales et financières dans les entreprises publiques, dans une indifférence quasi totale des autorités.

Les rapports du FMI affichent une satisfaction de façade : objectifs macroéconomiques atteints, plans d’action “sur la bonne voie”, et encouragements à accélérer la lutte contre la corruption. Or, l’institution se contente de relayer les engagements superficiels du gouvernement et minimise systématiquement l’ampleur des scandales. Même quand elle salue la création d’une Autorité anti-corruption ou l’adoption de lois sur la déclaration de patrimoine, le FMI omet d’analyser leur réelle application et leur manque d’impact sur la transparence publique.

De plus, le FMI refuse de conditionner ses appuis financiers à des avancées concrètes dans la lutte contre la corruption et l’amélioration de l’efficacité administrative, maintenant une posture complaisante qui favorise la reproduction des mêmes pratiques délétères. Cette tolérance complaisante à la mauvaise gouvernance, doublée d’un discours technocratique optimiste, confine à l’aveuglement, voire à la complicité passive dans la perpétuation des défaillances structurelles du système public mauritanien.

L’inadaptation du FMI à la réalité mauritanienne, son refus d’affronter les problèmes d’incompétence, de dilapidation et de détournements dans l’administration, prive le pays d’un véritable levier de réforme et consacre ainsi le cycle infernal de la mal gouvernance.

Des preuves publiques de détournements et dilapidations en Mauritanie sont abondamment documentées par les rapports officiels, notamment ceux de la Cour des comptes, ainsi que par des enquêtes citoyennes et médiatiques.

Le rapport 2022-2023 de la Cour des comptes révèle plusieurs centaines de milliards d’ouguiyas d’irrégularités financières, impliquant de hauts responsables de divers secteurs publics. Il signale des dépenses publiques non justifiées, des contrats attribués sans appel d’offres, et la confusion systématique entre faute de gestion et détournement, traduisant l’impunité persistante au sein de l’administration.

Près de 10 milliards MRU de dépenses financées par des bailleurs extérieurs et 5,8 milliards MRU de recettes correspondantes n’ont jamais été inscrits au compte général des finances publiques. Au ministère de la Santé, plus de 800 millions MRU de dépenses n’ont pas été justifiées, tandis que des achats directs ont été effectués pour plus de 300 millions MRU sans appel à concurrence, dont un contrat ROCHE dont la livraison n’a pas été intégralement prouvée.

Mauritania Airlines affiche une dette fiscale supérieure à 1,2 milliard MRU, sans audit externe depuis 2019 et avec 450 millions MRU de dépenses non justifiées pour la maintenance.

De nombreux cas de malversation, falsifications et factures fictives sont identifiés comme des agissements de “réseaux de corruption organisés”, parfois qualifiés d’“association de malfaiteurs”, dont l’objectif est l’accaparement des deniers publics et la destruction de l’économie nationale. Face à cette situation, des partis comme le FRUD exigent des poursuites systématiques et l’exclusion des fonctionnaires impliqués dans ces actes.

Les rapports d'associations confirment la persistance d’attributions occultes de contrats publics, notamment dans le secteur extractif et les douanes, tandis que la vente des diplômes et postes mine l’intégrité de l’administration éducative et sanitaire.

L’affaire du Fonds Covid-19 a révélé l’affectation illégale de près de 300 millions MRU à des activités sans rapport avec l’objet initial du fonds.

Un scandale récent de narcotrafic a mis au jour des tentatives de corruption à hauteur de milliards d’ouguiyas visant des agents des forces de sécurité, avec complicité de fonctionnaires et défaillance des dispositifs institutionnels de contrôle.

Ces exemples, tirés de sources publiques et rapports officiels, illustrent la gravité, l’ampleur et la diversité des pratiques de détournement et de dilapidation des ressources publiques en Mauritanie, ainsi que l’inefficacité persistante des mesures de sanction et de contrôle.

 

40 ans de misère …en compagnie du FMI

 

En définitive, le discours du FMI, se voulant un discours "d'expert” ne fait qu' infantiliser la décision nationale.

La déclaration du FMI, comme toutes celles d'ailleurs qu'il déclame depuis 40 ans en Mauritanie,  loin d’être un simple rapport technique, participe à l’enfermement du débat économique mauritanien. Elle masque, avec le vernis du langage diplomatique et de l’expertise, les insuffisances profondes du système, tout en confisquant aux dirigeants locaux la capacité de repenser, adapter, et réorienter les modèles de développement à l’aune des réalités nationales...en somme les adresser comme on hèle un incapable majeur.

Et depuis le premier ajustement structurel, 40 ans déjà, à nos jours,  la Mauritanie est toujours pauvre. Une misère que le FMI, depuis 40 ans,  en déclamant le contraire dans ses déclarations…prend, depuis 40 ans,  nos gouvernants  pour des idiots.

Pr ELY Mustapha

dimanche 2 novembre 2025

Nommer et déshonorer : Traduire l’État mauritanien en justice. Par Pr ELY Mustapha

L’affaire est simple dans ses faits et redoutable dans ses implications: à la suite d’observations financières consignées par la Cour des comptes, l’exécutif publie une liste nominative de trente personnes présentées comme « présumées » impliquées. 
 
Or la transmission de dossiers à la justice par la Cour a une finalité exclusivement juridictionnelle, non médiatique. Publier des identités à ce stade viole la présomption d’innocence, le secret procédural et la protection de la réputation et des données personnelles. Le droit positif offre, dans une telle situation, des fondements solides pour obtenir, en urgence, le retrait des publications, la réparation intégrale du préjudice, et, le cas échéant, la sanction des divulgations illicites.

 

Trente noms livrés au public: réparer l’irréparable

La publication publique des noms constitue, en elle‑même, une sanction sociale et institutionnelle avant l’heure. Elle inflige un dommage immédiat et profond à l’honneur de la personne, altère durablement son image et sa réputation, atteint sa famille et son entourage, et porte atteinte à sa dignité.

N'est-il pas des plus déshonorant pour un Etat que de jeter ses fonctionnaires en pâture ; n'est-il pas plus triste aux yeux de tout citoyen de voir ce fonctionnaire figurant dans cette infame liste des 30 (un secrétaire général de ministère)  demander pardon à sa famille et  à ses enfants . Pardon de quoi, pardon à qui ? Ni aucun ministère public n'a déjà qualifié de délit ou de crime ses actes , tout come ceux des autres fonctionnaires au moment de la publication  de la liste par le gouvernement. Or la qualification de l'acte est l'élément générateur de tout procès et de mise n jugement…. Jusque-là il ne s'agit que de fautes de gestion (relevant de la compétence de la Cour des comptes) soit une infraction à la législation budgétaire, financière et comptable publique, punissable par la retenue de salaire annuel du fonctionnaire ou de  sa fraction; ou cumulativement,  s'il y a lieu,  d'une sanction disciplinaire ou administrative….mais nullement d'une sanction pour délit ou crime (Contrainte financière  /incarcération etc.) que seuls les tribunaux pénaux ont le compétence de prononcer.. Car ni le délit ni le crime ne sont encore établis. Il s'agit d'une simple présomption qui comme toute présomption de ce type n'est pas irréfragable et peut souffrir, recevoir, la preuve contraire .  Or la liste a été présentée publiquement et a été perçue par le public comme elle de corrompus et de criminels. Une mauvaise foi qui ne sied pas à l'honneur de ceux qui doivent veiller sur la chose publique et à la préservation de son image.



Dans l’écosystème numérique, cette exposition de personne non encore jugés, est pratiquement irréversible: les captures, relais et indexations rendent illusoire tout retour à l’oubli, même en cas de classement sans suite ou de relaxe définitive. En d’autres termes, l’État inflige, par la communication nominative prématurée, une peine qui ne dit pas son nom, sans base légale ni contrôle du juge, alors que le droit commande la retenue, l’anonymisation et le respect effectif de la présomption d’innocence.

Le réflexe politique consistant à se dédouaner de toute responsabilité pénale présumée en répondant à la contestation populaire et aux tensions suscitées par un rapport de la Cour des comptes ne saurait justifier la mise au pilori de personnes non jugées.

L’État de droit impose une exigence de retenue: informer sans stigmatiser, expliquer sans accuser, corriger sans désigner des « coupables » avant l’heure.

 La présomption d’innocence n’est pas une clause décorative; elle protège des vies, des familles et des carrières. Y déroger au nom de l’apaisement immédiat revient à sacrifier les garanties fondamentales sur l’autel de l’opinion, alors même que seule la justice, au terme d’un procès équitable, peut établir la vérité et, le cas échéant, prononcer des sanctions.

 

Quand l’information devient sanction: défendre l’honneur face à l’arbitraire

Sur le cadre constitutionnel, la présomption d’innocence irrigue tout l’ordre juridique: nul ne peut être présenté comme coupable avant un jugement définitif. Cette garantie s’articule avec la dignité de la personne et la protection de la vie privée: l’État, dépositaire de l’intérêt général, doit proportionner sa communication et ne diffuser des données nominatives sensibles qu’en présence d’une nécessité impérieuse, d’une base légale claire et de garanties suffisantes. La transparence administrative ne prime jamais les droits fondamentaux: elle s’exerce par des synthèses anonymisées, la publicité des montants recouvrés et des mesures correctrices, non par la stigmatisation d’individus avant toute décision de justice.

Sur le droit applicable à la Cour des comptes, la loi organique encadre trois piliers: jugement des comptes, sanction des fautes de gestion, et assistance aux pouvoirs publics. Lorsqu’apparaissent des faits susceptibles de qualification pénale, le ministère public près la Cour transmet le dossier au ministre de la justice aux fins d’exercice de l’action publique. Cette mécanique est probatoire et juridictionnelle: elle ne confère aucunement à l’exécutif un pouvoir de « nommer  et déshonorer».

La finalité de contrôle des finances publiques est la correction des irrégularités, la responsabilisation des gestionnaires et, le cas échéant, la saisine pénale. Dévoiler des noms avant l’engagement régulier de la procédure pénale détourne cette finalité et expose l’État à une faute de service.

 

Noms publiés, droits piétinés: faire condamner l’État

Le droit de la procédure pénale impose la retenue. Le secret du déroulement des enquêtes et de l’instruction, la sérénité de la justice et la protection des témoins prohibent les communications nominatives inutiles et prématurées. Même lorsque des informations d’intérêt public doivent être portées à la connaissance des citoyens, elles le sont dans des termes factuels, non conclusifs, et sans identification des personnes tant que l’organe de poursuite ou la juridiction n’ont pas donné à l’affaire une publicité régulière. La présomption d’innocence n’est pas un vernis rhétorique: elle commande la forme et le contenu du discours public, y compris celui de l’État.

Le droit pénal encadre lui aussi les dérives de communication. Imputer publiquement des crimes ou délits à des personnes identifiées, en les présentant comme acquises, caractérise la diffamation publique si l’assertion porte atteinte à l’honneur et à la considération. Révéler des éléments couverts par le secret de l’enquête, ou par le secret professionnel, engage la responsabilité pénale de leurs auteurs. La nature « exacte » d’une information ne suffit pas à la légitimer: une divulgation peut être exacte et néanmoins illicite si elle viole un secret légal, méconnaît la présomption d’innocence, ou procède sans base légale et sans nécessité.

À ces fondements s’ajoute la protection des données personnelles. Une liste nominative associant des individus à des « suspicions d’infractions » constitue un traitement de données relatives à des infractions, catégorie particulièrement sensible. À défaut de base légale spécifique, de finalité déterminée, de nécessité stricte et de minimisation, ce traitement est illicite. L’administration, en tant que responsable de traitement, engage sa responsabilité: retrait, limitation, rectification, notification aux destinataires, et, le cas échéant, sanctions administratives et réparation civile.

 

Exposer n’est pas juger: traduire l’État, protéger les droits

L’illégalité de la publication nominative de ces 30 personnes ressort alors de quatre vices cumulatifs.

 D’abord, l’absence de base légale: aucune disposition ne confère à l’exécutif un pouvoir général de publier les identités transmises par la Cour des comptes aux fins judiciaires.

Ensuite, l’atteinte caractérisée à la présomption d’innocence: qualifier publiquement des personnes de « présumées » n’exonère pas lorsque la présentation induit la culpabilité aux yeux du public. En outre, la violation du secret procédural se matérialise lorsque la communication précède ou interfère avec les actes de justice.

 Enfin, la disproportion: la poursuite d’un objectif de transparence peut être satisfaite par des moyens moins attentatoires, tels l’anonymisation et la communication de données agrégées.

Attaquer l'Etat en justice: les voies et moyens

La stratégie contentieuse pour ces personnes ayant subi ce préjudice à la fois moral et matériel doit être simultanément réactive et structurée.

 En première ligne, le juge des référés peut être saisi pour faire cesser le trouble manifestement illicite: retrait immédiat des listes, déréférencement, publication d’un rectificatif rappelant la présomption d’innocence, le tout sous astreinte. Le fondement réside dans l’atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales, l’absence de base légale claire de la publication, et la disproportion. La preuve se construit par des constats numériques horodatés, l’archivage des pages officielles, et la démonstration d’impacts concrets (perte d’emploi, résiliation de contrats, préjudices de réputation).

Sur le fond, un recours de pleine juridiction en responsabilité administrative permettra d’obtenir la condamnation de l’État pour faute de service et la réparation intégrale des dommages. Le préjudice moral (atteinte à l’honneur, anxiété, souffrance) et le préjudice économique (opportunités perdues, ruptures contractuelles, perte de chance) doivent être chiffrés et documentés (attestations, expertises, pièces comptables). L’action collective des trente personnes, fondée sur un noyau factuel commun, renforce la cohérence probatoire et l’efficacité procédurale, tout en optimisant les coûts.

Des actions pénales complémentaires peuvent être envisagées lorsque les éléments le justifient: plainte avec constitution de partie civile pour diffamation publique ou violation de secrets légaux. L’objectif n’est pas la sur-pénalisation, mais la restauration du droit: rappeler que la parole publique est aussi justiciable des limites protectrices des personnes. En parallèle, la saisine de l’autorité de protection des données permet d’obtenir des injonctions de mise en conformité, la suppression ou la limitation du traitement, des amendes administratives, et la notification du retrait à tous les destinataires du fichier litigieux.

Contrer la défense de l'Etat: ni transparence, ni intérêt public

La défense de l’État invoquera certainement la « transparence » et l’« intérêt public ». La réplique repose sur deux pierres angulaires: la proportionnalité et l’anonymisation. La transparence n’autorise pas l’atteinte nominative lorsque le même objectif peut être atteint par des moyens moins attentatoires. L’exactitude alléguée ne neutralise pas l’illicéité si la communication méconnaît la présomption d’innocence ou les secrets légaux. L’intérêt public véritable est mieux servi par la publicité des résultats (sommes recouvrées, réformes engagées, sanctions administratives prononcées) que par l’exposition de personnes non jugées.

Il faut donc agir par étapes .

La première est la  constitution du collectif, des mandats, la collecte des preuves numériques, l'évaluation initiale des dommages.

Dans la seconde, le référé d’urgence visant retrait, déréférencement et communiqué rectificatif.

Dans la troisième, assignation en responsabilité avec chiffrage affiné des préjudices et demande de publication judiciaire du rectificatif sur les mêmes canaux et pour une durée équivalente.

En quatrième étape, le cas échéant, dépôts de plaintes pénales ciblées et articulation d’arguments constitutionnels subsidiaires si un texte est invoqué à tort pour justifier la publication.

 

En définitive, et au-delà du litige, l’enjeu est éthique et institutionnel.

Le contrôle des finances publiques et la lutte contre la corruption exigent rigueur, indépendance et pédagogie. Mais l’État de droit impose que la transparence demeure compatible avec les droits fondamentaux: présomption d’innocence, réputation, vie privée et régularité des procédures.

Traduire l’État en justice lorsque ces bornes sont franchies n’est ni un acte d’hostilité ni un obstacle à la probité; c’est la condition même de la confiance dans les institutions.

Une victoire contentieuse ici ouvrira la voie à des protocoles de communication responsables: anonymisation par défaut, circuits de validation juridique, formation des porte‑parole, et séparation stricte entre contrôle financier, action disciplinaire et information du public.

Tel est l'Alpha et l'Oméga présidant à toute bonne gouvernance d'un Etat respectueux du peuple qui demande des comptes …et de la dignité de ses fonctionnaires que l'on juge.

 

Pr ELY Mustapha

 

jeudi 23 octobre 2025

Cour des comptes : Mais où sont les femmes ? Par Pr ELY Mustapha

"La femme, disait Aragon, est l'avenir de l'homme" ….mais il aurait dû ajouter : sauf dans la fonction publique.



De la responsabilité de la femme mauritanienne dans le pillage de l’Etat

Ecrit il y a 15 ans sous le titre Le syndrome « Tekeyber » , cet article s'intéressait au pillage matrimonial organisé sous le régime de Ould Abdelaziz, et voici que soudain ("que dis-je" aurait dit Ould Daddah )  voici que seuls des hommes…ou presque  sont incriminés par la Cour des comptes . Mais où sont les femmes ? (Question déjà mise en musique disco ...sacré Juvet)

La cour des comptes devrait au lieu d'inquiéter les pauvres hères qui peuplent la gestion publique, chercher la femme. C'est là où se trouve  le magot. 

La solution du Schmilblick qu'elle développe dans ses rapports, se trouve chez la femme… de celui qu'elle fatigue par ses investigations, ses visites inopinées, la confiscation de ses archives, ses convocations répétées et ses demandes d'explications...qui l'empêche de siroter son thé entre deux dossiers chiffonnés....pour la commission des marchés publics.

 Les preuves ne sont pas dans la poche de ce pauvre hominidé bureaucrate, mais dans la Patek Philippe Grandmaster Chime référence 5175 de sa femme, dans son sac Speedy Soft 30 Teddy de Vuitton, dans ses chaussures Prada spadrilles maison Shearling mules, dans ses virées à Las palmass et ses veillées dans le Bingo de retour du  Corte Inglés, dans son compte bancaire en plusieurs  devises sonnantes et trébuchantes, dans sa maison-palace, dans sa voiture de luxe qui répond en  syllabes VX et autres toutes options, dans l'argent dilapidé dans les mariages et jeté à la tête de griots rampants, dans ses mille et une oumras-shopping dans l'opulence de son cousinage et de sa parentèle et dans sa garde-robe à quelques millions près, dans ses folles chamelles dans le Tiris qui ne connaissent qu'elles et dont le mari ne connait pas la couleur de leur lait.

Simple donc, un gestionnaire public qui n'a pas cette femme-là, eh bien , il est innocent!

On devrait d'ailleurs l'inscrire dans le manuel de Vérification de la Cour des comptes mauritanienne comme étant une preuve irréfragable...de son innocence. La question serait alors simple à poser au lieu de le fatiguer  avec les questions sur le matériel qui a disparu du magasin ou de la voiture de service dont les roues et le moteur sont changés chaque semaine etc... 

Le vérificateur doit poser une question simple et nette. La question qui tue... le doute : "Quelle est ta seconde moitié? ". Et tout le travail scientifico-technique de la Cour des comptes serait de l'identifier...s'il en déclare plusieurs. 

Le détourneur, de biens publics et privés  ne garde rien pour ne pas attirer l'attention , il se retourne pour le confier à sa seconde moitié, à celle qui ira négocier au Maroc ou en Espagne, au Emirats Arabes unis, en France les bijoux, les villas, les placements et autres choses à mettre "sous la tête" en attendant que le mari finisse le boulot, à moins qu'il ne soit pris la main dans le sac. Et ce n'est pas sa seconde moitié qui le sauvera…Au fait où est déjà Tekeiber? …Au chevet de son mari incarcéré? Nulle part…ou à chercher du côté de ce qui é été "mis sous la tête" ...hors du pays.

 « Les complices d'un crime ou d'un délit seront punis de la même peine que les auteurs mêmes de ce crime ou de ce délit, sauf les cas où la loi en aurait disposé autrement. » (Art.53 du code pénal mauritanien)

Etonnant donc qu’un chapelet de responsables épinglés par la Cour des comptes (à l'image de la fameuse Commission d’enquête parlementaire (CEP) qui scella le sort de ould abdelaziz)  pour corruption, détournement, vol de biens publics et son  rapport fait la part belle aux hommes. Mais où sont… leurs femmes ?

Certes des hommes ont pillé le pays, réduit l’État à une tirelire mafieuse, terni l’image interne et externe du pays, mais pourquoi et comment en sont-ils arrivés là ?



Par quelle mécanique ont-ils été mus ?



Plusieurs facteurs propulseurs de cette mécanique ont été ici débattus. De l’opportunisme politique au clientélisme débridé en passant par l’alliance du ventre et la dissolution des principes et des valeurs, tout a été vu et revu dans la dynamique auto-entretenue de cette mécanique destructrice de l’État et de la Nation.

Cependant, jusque-là les acteurs manipulant ses leviers furent tous identifiés par leurs fonctions : militaires, politiques, commerçants, fonctionnaires… Et, aussi évident que cela soit-il, ils ont un dénominateur commun : ce sont tous des hommes.



La Mauritanie a des maux qui sont des mâles ?



Cela signifie-t-il que tous les malheurs politico-socio-économiques de la Mauritanie, viennent du genre masculin?

Nul ne nierait en effet, que la politique mauritanienne et la gestion des affaires publiques a été et continue à être une affaire d’homme. Le genre masculin est aux commandes des postes-clef de l’État et monopolise ses structures de gouvernance et de gestion. Mais derrière cette apparence, l’homme est-il seul aux commandes ?

En d’autres termes, les comportements criminels de pillages, d’enrichissement sans cause, de détournement des biens publics, de corruption etc. sont-ils nés de la simple volonté du genre masculin ou y a-t-il d’autres facteurs qui l’ont poussé, sinon contribué, à ce qu’il les commette ?

L’homme mauritanien est-il né naturellement un rapace des biens de la collectivité nationale ?

 

Non.



Sa religion le lui permet-elle ? Non.



Son Éducation en fait-il un être socialement enclin à cela ? En principe, Non.

Alors, si le genre masculin mauritanien est devenu le rapace public, y a-t-il d’autres facteurs latents, invisibles, non apparents, mais qui ne sont cependant pas sans une influence notable sur le comportement de l’homme mauritanien face aux biens publics et aux biens d’autrui ?

Qu’elle est alors l’influence qu’il a subie dans son entourage. Et du plus proche de son entourage : la femme mauritanienne.



La femme mauritanienne y est-elle pour quelque chose ?



La question pourrait être posée. Car s’il est vrai que c’est souvent l’homme qui est au-devant de la scène, il n’en demeure pas moins que c’est une éminence grise, la femme, qui pourrait influencer et interagir sur le comportement (Ô combien répréhensible) de l’homme mauritanien dans la gestion de la Nation.

Quelle part de responsabilité supporte la femme mauritanienne dans le déclin social, politique et économique du pays ?

Il serait illogique de faire de la femme mauritanienne une personne étrangère au comportement de l’homme mauritanien dans toutes les sphères de la vie de la nation.



En serait-elle même l’instigatrice et le maître d’œuvre ?



Serait-ce une forme de vengeance sociale (II) sur ce que l’homme mauritanien lui a fait subir(I) ?

Et quelles conséquences cela a-t-il eu sur la gestion de l’Etat mauritanien (III)?

Et comment la femme mauritanienne peut-elle contribuer à sauver la Nation (IV)?



I- La femme mauritanienne : victime de l’homme mauritanien



La femme mauritanienne a subi durant tant d’années les caprices de l’homme mauritanien, qui, profitant de son statut matrimonial, en avait fait un être de « rechange », qu’il épousait, répudiait et désertait de son plein grès.

L’homme mauritanien est, dans sa généralité, un être irresponsable

matrimonialement. Il a profité des largesses de la tradition et des facilités du divorce musulman, pour faire défiler à son gré des épouses, en chapelets et les répudier quand bon lui semble. Il suffisait qu’il ait les moyens de son divorce (parfois dérisoires) et les moyens de son remariage (souvent lourds) pour convoler d’épouse en épouse.

Première règle donc : plus l’homme est aisé plus il divorçait. Sa capacité de se re-re-remarier était proportionnelle au volume de sa bourse (sans jeu de mots), et inversement proportionnelle à son sens de la responsabilité familiale.


Il lui fallait donc moins de jugeote sociale, et plus de moyens pour assouvir ses desseins.



Se marier n’était plus, avec la détérioration des valeurs socioculturelles de ces dernières années qu’une question de moyens matériels et financiers. Plus il se mariait plus l’homme se sentait reconnu par ses pairs. Mais pour cela il devait être riche. Et pour être riche, il fallait hériter, travailler ou…voler. Hériter dans un pays pauvre c’est rare comme l’eau.



Travailler n’est plus une valeur sociale.



Le vol étant, lui, applaudi et encouragé, on comprend alors l’origine de la dot. Dans cette masculinité de l’homme mauritanien qu’il mesure au nombre de ses mariages, qu’est-il advenu de la femme mauritanienne ?

Répudiée dans une gestuelle aussi simple que de boire du thé, la femme mauritanienne, se retrouve rejetée de son « foyer », souvent enceinte ou trainant une ribambelle de bambins qui iront crécher chez leurs grands-parents ou peupler les trottoirs de la grande ville.

Répudiée sans moyens et sans droits, la femme mauritanienne a souffert l’enfer de la mère sans famille. Sans foyer. Elle a vu ses enfants sans père, et a connu les affres de la mère divorcée.

Il n’est pas un foyer mauritanien, qui ne compte bon nombre de filles divorcées, souvent à la fleur de l’âge et une pléiade d’enfants qui n’ont pas connu leur père. Non pas qu’il ait disparu, mais parce que l’homme mauritanien, comme les tortues, ne s’occupe pas de sa progéniture.

En divorçant, il abandonne la femme et les enfants à leur sort. On comprend alors l’ampleur du désastre. La femme, se réfugiant chez ses parents, n’ayant souvent pas les moyens de subvenir à leurs besoins s’en remet à son sort La femme mauritanienne, a donc capitalisé tout au long de ces années de souffrances, des leçons pour sa survie post-matrimoniale.

Elle a compris que :


- Le mariage, n’est pas une fin en soi.
- Le mariage n’est pas sécurisant, tout comme le mari lui-même.
- Le mariage est une simple « promotion » sociale pour l’homme.
- Le mariage est aussi éphémère que le mari lui-même.

Conséquence :

- Sachant qu’il n’est pas une fin en soi, lui trouver une fin quelconque.
- Sachant qu’il n’est pas sécurisant, se protéger en accumulant les moyens.
- Sachant que c’est une simple promotion sociale, ne pas s’y accrocher.
- Sachant qu’il est éphémère, savoir être prévoyante.



L’attitude de la femme mauritanienne, vis-à-vis du mariage et du mari, notamment après maints divorces, commençait à ressembler à celle du prisonnier qui découvre que ses chaines pouvaient aussi servir à étrangler son geôlier.

Le mari étant si éphémère, insécurisant et volatile, elle se devait de trouver la contre-attaque. Et cette contre-attaque la femme la trouva dans la course avec le temps dans l’accumulation la plus rapide possible de moyens lui permettant de faire face à l’inéluctable : sa répudiation.

Il fallait qu’elle puisse dans le laps de temps du « mariage », tirer du mari les moyens qui lui permettront de survivre après son départ. Ni le mariage, ni le mari ne sont désormais une finalité. Ce qui l’est c’est son sort après son divorce et la sécurité matérielle de la progéniture que le mari ne manquera pas de lui laisser, souvent sans état d’âme, sur les bras.

Cela se résume en une phrase : « s’il veut rester qu’il reste, s’il s’en va je ne serai pas démunie ». Une forme d’instinct de conservation. Instinct que la femme mauritanienne a su développer face aux aléas de son statut et à l’irresponsabilité matrimoniale de l’homme mauritanien. Apte à se marier, apte à procréer, mais incapable de conserver son foyer.

D’ailleurs, le divorce en Mauritanie est une gymnastique, qui a d’ailleurs pris une telle ampleur qu’il est entré dans les mœurs, comme un état naturel conséquent du mariage. Et ceux qui en pâtissent ne sont hélas que les femmes et les enfants.



II- La vengeance de la femme mauritanienne : l’homme-tirelire



L’accumulation de tant d’années de spoliation de ses droits, d’assujettissement et de répudiation la jetant dans la misère, elle et sa progéniture, la femme mauritanienne a compris que sa survit dépendait de sa capacité à tirer de son partenaire tout moyen lui permettant de faire face aux aléas de sa vie de divorcée potentielle.

Le mari n’est plus une fin, mais un moyen. L’exploiter n’est que juste cause pour préparer l’avenir. C’est ainsi que la femme mauritanienne devient exigeante, réclame et déclame, quand il le faut, ses besoins permanents, en moyens matériels et financiers.

Besoins auquel le mari éphémère se doit de souscrire. Exploitant ainsi une caractéristique de la « vantardise » socioculturelle de l’homme mauritanien l’amenant à se couper en quatre pour répondre aux exigences de son épouse. Et cela au risque d’y laisser son boubou et son salaire pour dix ans, pourvu qu’il ne soit pas traité "d’incapable".

D’où la loi du zèle qui peut s’énoncer ainsi : le zèle du mari à satisfaire les exigences matérielles et financières de son épouse (au prix de sa vie) est inversement proportionnel au temps qui s’est écoulé depuis la célébration du mariage. Ainsi plus la date du mariage est récente plus le mari est enclin à vendre sa chemise pour sa dulcinée, plus cette date s’éloigne plus le zèle diminue et le divorce pointe à l’horizon.

Une telle loi du zèle marital n’échappera pas à la femme qui aura su « gérer » le temps et les moyens de son mari en prévision de sa sortie qu’elle voudrait la moins pénible pour son confort chez ses parents.

C’est ainsi que face à un mariage, initié par un individu guidé par des instincts autres que ceux de fonder un foyer durable et sécurisant, d’élever et d’éduquer ses enfants dans la dignité, la femme mauritanienne se venge chaque jour de cet homme matrimonialement irresponsable.



III- Les conséquences sur l’État et la gestion publique : de l’homme-tirelire à l’Etat-tirelire



Si la femme mauritanienne a développé face à l’injustice qu’elle subit, des moyens adaptés pour se défendre, les conséquences d’une telle attitude sont souvent désastreuses lorsqu’il s’agit de la gestion des biens de la nation.

En effet, l’État mauritanien est gangréné, depuis des dizaines d’années par toutes les formes de soustraction de ses biens. Ceux de la collectivité nationale. Corruption, malversation, détournements, fraude etc., sont devenus des signes distinctifs de la gestion publique.

Ceux qui ont réalisé de tels actes l’ont fait pour s’enrichir, mais beaucoup sous l’impulsion de leurs congénères. Peut-on dire que la femme d’un responsable public ou privé qui a érigé le vol des biens publics (financiers et matériels) en activité permanente, est absolument non concernée par son activité ? La notoriété des personnes appelées « roumouz el vessad » ne doit pas, dans un sens de stricte logique de société mauritanienne (où tout se dit et tout se sait), échapper à leurs compagnes.

La question est de savoir si leurs compagnes ont été pour quelque chose dans leur activité criminelle ?

Si l’on s’en tient au comportement de "vengeance" développé par la femme mauritanienne, il est probable que le mari réponde à la « loi du zèle » précédemment mentionnée.

Les moyens sont connus et la femme n’hésiterait pas à pousser son conjoint à lui fournir toujours plus. Et ce dernier n’hésite pas non plus, dans le fameux élan de « virilité démonstrative» et de « m’as-tu-vu » propre à la plupart des hommes mauritaniens, dans une société qui vénère le « le tape-à l’œil », d’aller jusqu’au bout de ses exigences. Il doit être à la « hauteur » de son image. N’est-il pas « Voulan ibnou Voulane » ? Il se remémore alors les propos de sa compagne :

« Pourquoi « un tel » est ministre et pas toi ? Cet idiot qui vient d’être nommé est-il plus compétent que toi ? Pourquoi a-t-il une VX et pas toi ? Pourquoi sa femme est mieux habillée que moi ? Pourquoi il a des villas partout et pas toi? Etc. »

Et voilà l’homme qui se met à vouloir prouver quelque chose. Pour aller plus vite, il devient un courtisan du pouvoir. S’il gère une caisse, il va commencer à se servir. S’il n’a pas de caisse mais de l’autorité, il fera du trafic d’influence. Et s’il a une brigade, il fera un coup d’État.

A en croire (soit dit en passant) certaines informations, les épouses de certains putschistes auraient été à l’origine des coups d’État en Mauritanie. En son temps un certain X ould Y en avait fait la démonstration. On comprend l’influence de la femme mauritanienne à l’échelle d’épouse de chef d’État, de ministre, de PDG de société nationale, de chefs de projets, de comptables publics etc. Sa vengeance est donc un putsch permanent.



IV- Comment la femme mauritanienne peut sauver la nation.



Aragon disait que « la femme est l’avenir de l’homme » (n’en déplaise à certains de nos oulémas bornés). En Mauritanie, aujourd’hui et plus que jamais, la femme mauritanienne doit venir à la rescousse de l’homme mauritanien. La faillite de ce dernier mène le pays au désastre. Le masculin-pluriel est en souffrance. Le féminin-pluriel est ardemment sollicité.

La femme mauritanienne, est appelée à aider à reconstruire les valeurs sociales en dépérissement depuis une trentaine d’années. En effet, s’il peut y avoir un catalyseur de cette prise de conscience par l’homme de ces actes, c’est bien la femme. Elle pourra efficacement contribuer à redresser les travers acquis par son congénère durant ces longues années qu’a traversées la Mauritanie et qui l’ont réduit en un pilleur, sous l’effet des systèmes sociopolitiques corrompus qui ont dirigé le pays.

Pour cela, il faudrait que la femme mauritanienne, se débarrasse de tant de pratiques éculées qui ont fait d’elle un être qui vît à l’ombre d’un autre et qui dans cette pénombre lutte pour sa survie à l’encontre même des intérêts de son congénère.

Cette lutte sourde enrobée des us et coutumes sociaux et travestie dans une relation économique dans laquelle l’opulence de l’homme est l’alpha et l’oméga de l’avenir de la femme, se doit de trouver son terme.

Mais s’il est urgent que la femme mauritanienne intervienne pour aider à rejeter les non-valeurs qui minent le pays, il faudrait que tout le système matrimonial mauritanien soit revu et corrigé dans le sens de donner à la famille, et à ceux qui la compose les mêmes droits et les mêmes obligations.

Il est vrai que tant que l’État mauritanien ne fait pas de la « cellule familiale », le creuset dans lequel se bâtit l’avenir de la nation, il n’y a point de salut. Tant que l’homme ne voit dans le mariage qu’une cérémonie festive et dans la femme un « objet à usage jetable ».

Tant qu’il n’est pas civilement et pénalement responsable de sa famille à laquelle il doit subsistance et protection ; tant que l’épouse n’est pas protégée dans son foyer et dans ses droits de compagne et de mère, alors l’homme continuera ses actes irresponsables.

Par ses épousailles sans limites, il a contribué et continue encore à contribuer à l’éclatement des foyers, à l’enfance malheureuse, aux femmes désespérées et sans soutien, en somme à tous les ingrédients d’une société sans avenir. Une société dont les enfants sont sans éducation et dont les mères sont abandonnées à leur sort, va nécessairement vers la faillite sinon l’éclatement et la violence.

Si l’homme mauritanien a détruit l’État, par le pillage, le vol et la corruption, il tire nécessairement sont comportement de l’absence de responsabilité qu’il développe déjà dans ses relations sociales.

Et si la Femme mauritanienne a bien compris cela, il est nécessaire qu’elle intervienne auprès de l’homme mauritanien pour aider à réhabiliter les valeurs sociales perdues, car, plus que nulle part ailleurs, la femme mauritanienne occupe une place considérable dans « l’emploi du temps » de l’homme mauritanien.

Il faut qu’elle transforme sa vengeance latente, en un combat privé et public visant la conscientisation de son partenaire sur ses actes destructeurs en commençant par se refuser elle-même à le pousser à de tels actes. En définitive, pour mieux comprendre la faillite et le devenir de l’État mauritanien, sa gestion doit être saisie dans ses deux aspects : en genre (masculin/féminin) et en nombre.

Cette approche est bien plus édifiante et rend mieux compte de ses difficultés. En effet, jusque-là les maux de l’État mauritanien s’accordaient au masculin-pluriel, en nombre d’hommes (« roumouz el vessad »), il est désormais important qu’ils s’accordent aussi au féminin-pluriel pour comprendre sa pénible réalité.

Toutefois, les considérations de cet article ne concernent que celles et ceux qui s’y reconnaissent. La femme mauritanienne et l’homme mauritanien, pris dans leurs particularismes, ne peuvent être ramenés à ce schéma global. Il y a des couples heureux, des familles soudées, il y a des hommes mauritaniens qui sont responsables et des femmes mauritaniennes qui développent les valeurs et les essaiment.

Ce n’est, en vérité, que lorsque le matérialisme galopant frappe la société ou que la soif du pouvoir domine des clans entiers et que la cupidité sonne aux portes des postes publics, que l’homme devient ce qu’il est.

Et il est certain que derrière certains actes de certains hommes, il y a la mainmise de certaines femmes. Et il est certain qu’au point où en est l’État et la société, le salut ne viendra que de ces dernières dans chaque catégorie sociale, dans chaque poste public, dans chaque foyer de Mauritanie.

 

Pr. Ely Mustapha

 

 

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Poésie de la douleur.